Evidences du réel | Musée d’art de Pully | 2017

Le Musée d’art de Pully a présenté Evidences du réel du 16 février au 30 avril 2017, une exposition conçue par l’historienne de l’art Pauline Martin, qui questionne l’image photographique en l’appréhendant par ses lacunes. En déjouant le lien premier que l’on tisse avec la photographie – celui d’un médium qui offre une transposition exacte du réel, une illusion parfaite à celui qui l’observe – certains artistes actuels nous confrontent paradoxalement de manière redoublée à notre rapport au réel.

Les auteurs invités, Martina Bacigalupo, Eric Baudelaire, Rebecca Bowring, Aliki Braine, F&D Cartier, Cai Dongdong, Hans-Peter Feldmann, Mishka Henner, Laurent Kropf, Bill McDowell, Simon Rimaz, Simon Roberts, Miguel Rothschild, Joachim Schmid, et Corinne Vionnet, collectionnent souvent davantage les images qu’ils ne les captent, avant d’en éluder le contenu ; qu’ils les découpent, les perforent, les grattent ou les effacent, c’est toujours une manière de confronter le spectateur à l’évidence d’une matière, vivante, qui dévoile par ce qui est éludé.

Vingt-trois étudiants de la formation supérieure en photographie du CEPV ont également apporté une contribution résolument collective à cette exposition : Gabrielle Besenval, Pascal Blum, Nina Cuhat, Marine Dias Daniel, Matei Focseneanu, Charles Frôté, Maxime Genoud, Morane Grignon, Elena Hasse, Mona Joseph, Eden Levi Am, Frédéric Liverdon, Daniela Marchetta, Micah Moore, Alessia Olivieri, Marta Panzeri, Clovis Paul Toraman, Aurélie Schopfer, Lucas Seitenfus, Aline Staub, Nora Teylouni, Nikita Thévoz et Eva Zimmerli.

 

Au départ, des gestes photographiques porteurs de trouble et des images qui, faisant fi des codes de représentation usuels, poussent le médium dans ses retranchements pour mieux se jouer de nos perceptions. La lumière brûle, évidant espaces et corps, le passage du temps distord les formes, élime les tirages, la poussière s’incruste. L’objectif brouille l’échelle, agrandit à tel point qu’il abstrait. La malléabilité s’instaure et le réel se mue en artefacts vibratoires, dématérialisés, hallucinatoires.

Avec les photographes Stefan Burger et Patrick Hari, et Nicolas Savary, maître principal de la formation supérieure en photographie, les étudiants ont ensuite imaginé un dispositif scénographique qui prolonge les jeux perceptifs ; l’exposition se mue à son tour en objet de tous les regards ; par une faille dans l’échelle de la vision, on passe de l’autre côté du miroir, sur les traces d’Alice, là où règnent le vertige et l’illusion.

Léonore Veya, Doyenne du département photographie