Ah, tous ces objets qui nous cernent au quotidien !
Ils doivent être triés, nettoyés, stockés.
Ils prennent la poussière, se brisent, doivent être réparés, remplacés, entretenus, transportés, achetés, vendus.
On les lègue, on en hérite. Ils sont taxés et payés. Il faut les produire, les évaluer, en faire la promotion, les recycler ou les éliminer.
Ils s’oublient, se perdent et se retrouvent.
Elles nous regardent, ces choses, et nous disent : « Prends-nous, achète-nous, aime-nous ! Nous sommes à toi, rien qu’à toi ! Nous sommes tout ce que tu es ! »
Et nous croyons en elles.
Mais comment nous assurer qu’elles soient ce qu’elles prétendent vraiment ?
Qui sait, peut-être nous tomberont-elles sur la tête dans l’obscurité ?
Voilà pourquoi nous ensorcelons les choses.
Nous leur attribuons des socles, des cadres, des tiroirs, des boîtes.
Nous leur construisons des entrepôts, des supports, des armoires blindées.
Et avant l’extinction des feux, nous nous empressons de les figer par la photographie, afin qu’elles demeurent ainsi, inanimées et inoffensives, en un état de surface.
Il n’est sans doute pas étonnant que les premières photographies de l’histoire ne montrent que des choses inanimées. En 1837, Louis Daguerre dirigeait sa caméra vers un coin de l’atelier où se trouvaient des moulages en plâtre et une bonbonne. William Henry Fox Talbot photographiait des morceaux de plantes, des céramiques et des vases alignés, une étagère avec des livres, une échelle, un balai.
Mais malgré tout, comme dans la parade de l’apprenti sorcier de Fantasia, de ces images d’objets enfin apprivoisés, d’innombrables choses éclosent à leur tour et exigent qu’on s’occupe d’elles : des négatifs, des tirages, des impressions ou tout simplement ces enregistrements sans fin qui rongent les disques durs.
Il n’y a pas d‘échappatoire !
Dans ce territoire d’ambivalences, les étudiantes et les étudiants de la formation supérieure en photographie ont élargi les formes convenues de l’expression photographique : soit les objets sont montrés en tant que nature morte, soit est rendu palpable le caractère matériel et physique du médium.
Rudolf Steiner
Recherches menées dans le cadre de workshops avec les artistes internationaux: Elina Brotherus, Stefan Burger, Asger Carlsen, Roberto Greco, Cécile Hesse & Gaël Romier, Benoît Jeannet, Peter Puklus, Reiner Riedler et Rudolf Steiner.
Scénographie mise en place collectivement sous la direction du photographe plasticien Rudolf Steiner, elle prend la forme d’une structure métallique imposante, dans l’esprit d’un lieu de stockage, de conservation, de rangement ou d’archivage, sur laquelle photographies ou pièces sculpturales sont suspendues ou déposées.
Publication élaborée lors de rencontres entre l’auteur et sémioticien André Vladimir Heiz et les étudiant.e.s. Il s’agit d’un journal composé de textes poétiques faisant écho aux propositions individuelles exposées.
Barbara Ehrbar, Superbüro
Nicolas Savary et Léonore Veya
Chloé Cardinaux, Yvan Alvarez, Thomas Annheim Lambert, Toni Parpan
Thomas Annaheim Lambert, Victor Berthoud, Lisa Bertoldi, Amélie Chatellard, Nico De Grandi, Louna Debonneville, Roman Devuyst, Achiraf Djakpa, Aurore Dubois de Marolle, Claire Dumont, Giulietta Dunant, Marlène Grand, Laure Alabatou Reina Huguet, Marc Lukyantsev, Filipe Mendes Pereira, Zoé Menthonnex, Adriano Parata, Déborah Strahm, Nella Stücker, Dana Tirelli, Oriana Giada Vitelli, Melina Wicht et Mathilde Widmann.
Le samedi 3 septembre 2022, dès 14h
Du 4 septembre au 7 octobre 2022
Lu-ve : 9h-19h / sa-di : 11h-19h / jusqu’au 25 septembre 2022
Lu-ve : 9h-18h / du 26 septembre au 7 octobre 2022
Espace Doret / CEPV, avenue Nestlé 1, 1800 Vevey