Le livre de ma vie #10 | 2021

Depuis 2011, Payot Libraire édite Le livre de ma vie, un livret illustré des portraits de trente personnalités suisses romandes qui y partagent le récit de leur rapport à la lecture à travers l’évocation d’un ouvrage qui les a fondamentalement marqué.e.s. Il.elle.s dévoilent ainsi leurs émotions et la relation intime forgée avec ces ouvrages.
Depuis 2012 la réalisation des portraits des personnalités est confiée, par concours, à un ou une photographe de la formation supérieure en photographie du CEPV.

La publication, imprimée à 10’000 exemplaires, est offerte aux clients de la librairie, en objet de partage entre passioné.e.s des mots. Par ailleurs, les images sont diffusées régulièrement sur le site internet de Payot Libraire et le partenariat fait également l’objet d’une exposition de lancement.

Édition #10, 2021
Photographies de Sami Farra

Exposition : “Infra-ordinaire”, FORMA Art contemporain, Lausanne

Les conditions sanitaires exceptionnelles de ces dernières deux années se sont posées à de nombreux photographes comme des défis lancés à imagination. Cette dixième édition s’est ouverte aux personnalités suisses résidant à l’étranger, mais les voyages comme les rencontres face à face étaient proscrits. Dans l’impossibilité de rencontrer ses modèles, Sami Farra a relevé le défi de se réapproprier des portraits existants dans un procédé de voilement fragile et d’installation en suspension. De toutes les démarches dont cette 10e édition clos la série, c’est probablement celle dans laquelle la physique de l’exposition est la plus essentielle. Pour permettre un dialogue tangible avec les images, le photographe a dû faire preuve d’inventivité :

“J’ai donc choisi d’œuvrer avec du papier claque – que je viens déposer sur les images – et cela pour différentes raisons. D’abord, parce que c’est l’un des matériaux de base du dessin en architecture avec lequel j’ai l’habitude de travailler, faisant ainsi un clin d’œil à ma formation précédente d’architecte. Ensuite, pour sa transparence qui peut varier grandement si la feuille est apposée sur l’image […], ou si elle en est décollée.
[…] Mon choix s’est fondé sur une évocation plus symbolique : le calque devient en quelque sorte un écran qui s’interpose entre deux personnes, rendant les relations diffuses et assourdies, et renforçant dans un même geste la puissance d’évocation émotionnelle d’une image dont la picturalité est flagrante.”

Plus encore que l’intervention au calque et sa reproduction photographique, c’est la suspension de l’installation, tendue entre les murs de la galerie FORMA rassemble, en des tons contrôlés, qui rassemble la multitude de regards. La gravité qui maintient les portraits résiste aux souffles créés par le passage des visiteurs à proximité des tirages délicats réalisés par l’auteur. Le tout vibre d’une présence inattendue.