L’été sans fin, Polaroïds | Mode | 2020

Son flash et sa sonorité n’appartiennent qu’à lui. Le Polaroïd, cet appareil photographique instantané voué à être culte. Son caractère festif est à jamais inscrit dans la quête du fun, mais cela ne l’empêche pas de se tailler une place unique dans la photographie artistique et expérimentale. Son histoire, c’est les montagnes russes : des hauts vertigineux, des bas abyssaux. L’arrivée du numérique le condamne à disparaître en 2007. Tel un phoenix de la mythologie pop, il renaît de ses cendres en 2017. Comme si d’un coup de revers, la dématérialisation des nouvelles technologies faisait ressentir le besoin de l’objet physique.
Rendu célèbre par les autoportraits d’Andy Warhol et les portraits que ce dernier réalise de sa clique, le Polaroïd doit son statut iconique à de nombreux artistes de la veine pop, tels que David Hockney, Keith Haring, Robert Mapplethorpe, Robert Rauschenberg, Sarah Moon ou encore le tessinois Edo Bertoglio, qui capture l’effervescence de la scène émergente new‑yorkaise du début des années 1980. La mode s’en empare en coulisse des défilés à toutes fins pratiques : épinglés dans l’ordre de passage des mannequins, les looks se succèdent comme des fiches signalétiques donnant le ton de la collection. Des « backstages » de la mode aux castings sauvages dans la rue, l’ancêtre d’Instagram et le cousin éloigné du Photomaton demeure le complice idéal de la saisie
de l’instant furtif, ouvert sur les autres, plutôt que dans un geste tourné vers soi-même.
Alexandre Lanz.