L’été sans fin, workshop | Mode | 2020

Aux confinsdes attributs féminins et masculins

L’éclat de la mode, Yohji Yamamoto ne le considère pas. Il s’en fiche. Loin de tout vacarme, son vestiaire se décline avec pureté. Sans prétention, ses vêtements s’apparentent à des pièces uniques. À ses créations, la notion de collection s’applique au sens littéral du terme. Des collections qu’il conçoit comme une oeuvre continue. Intemporelle. D’une cohérence à l’honnêteté rare. Sans concession. Sans contrefaçon.
Lorsque le couturier japonais arrive sur la scène parisienne au début des années 1980, la mode bouillonne en technicolor. Diamétralement opposées aux fulgurances désinvoltes, ses silhouettes sombres et statuaires se démarquent par leurs tonalités superposées de noir, de gris et de sable. Ses vêtements sculptent les corps, les prolongent, les distendent, les révèlent en les camouflant.
De l’élégance racée des smokings pour femmes d’Yves Saint Laurent à l’esprit punk des jupes pour hommes de Jean Paul Gaultier, l’époque est obsédée par la déconstruction des genres en explorant l’androgynie du style. Nullement en quête de glamour, dépouillé de tout effet de mode, l’univers de Yohji Yamamoto se trame aux confins des attributs féminins et masculins. Entre‑deux ou en deça, sans logique et ingénieuse, l’esthétique qui en émane est à la fois contemplative et magistrale. Dense et hypnotique, comme une chorégraphie silencieuse dans laquelle l’ampleur du geste s’accompagne d’un souffle.
Alexandre Lanz.

Les travaux réalisés lors de ce workshop ont été publiés dans le magazine suédois Odalisque.

Les images élaborées annuellement lors du workshop mode avec le photographe Eric Nehr font l’objet d’une rétrospective exposée dans le cadre du Festival Images Vevey 2020. À la série créée en 2020 viennent donc s’ajouter des réalisations passées, les Polaroïds du casting, ainsi qu’une publication.