Depuis plusieurs années, une collaboration féconde réunit les étudiant·e·x·s de la formation supérieure en photographie du Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV) et les futur·e·x·s architectes de l’atelier ALICE, de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC) à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).
Ce dialogue interdisciplinaire s’est à nouveau déployé cette année, dans le contexte en pleine transformation de la place de la Riponne à Lausanne.
Pour cette édition, le processus s’est construit dans une dynamique parallèle : les étudiant·e·x·s du CEPV ont été immergé·e·x·s dans les recherches menées par les différents studios d’ALICE. Chacun·e·x a été associé·e·x à un groupe d’architectes en formation, suivant leurs réflexions, leurs gestes, leurs structures en devenir.
De cette attention, souvent silencieuse mais profondément engagée, sont nés des projets photographiques singuliers — des réponses sensibles, des échos visuels, des gestes d’auteur·rice·x·s.
Les images produites prennent aujourd’hui la forme d’affiches, pensées pour se déployer dans l’espace public aux côtés des structures conçues par ALICE. Issues d’un échange étroit entre pratiques artistiques et réflexions architecturales, elles prolongent ces dynamiques en les réinterprétant selon une approche personnelle. L’affichage grand format devient alors un support d’interprétation, de questionnement, de narration visuelle.
Dans cet ensemble, chaque photographe affirme une position singulière face aux mutations de la Place de la Riponne.
Alix Golay y cherche un point de calme dans le tumulte, une forme d’attention flottante dans un lieu sans attache. Amira Temmar, elle, utilise une caméra thermique pour capturer une façade désertée, détournant un outil de mesure en instrument d’image — révélant, par son inadéquation, l’étrangeté d’un espace momentanément vidé de ses usages.
Enzo Lalmi interroge les interactions possibles entre formes végétales, structures bâties et présences humaines, et esquisse les contours d’une coexistence à réinventer. Giorgia Filipponi, quant à elle, inverse la logique d’adaptation : ce n’est plus la nature qui plie sous la ville, mais le corps de la photographe qui tente de se soumettre à la verticalité des arbres urbains.
Avec Léo Margueron, des matériaux glanés sur le campus de l’EPFL deviennent des sculptures temporaires, dont l’existence passe par l’image, entre lumière de studio et environnement extérieur.
Nikolaï Porchet poursuit un geste plus tactile : il scanne des mains, les traduit en structures de fil de fer, et crée une série de portraits en creux, nés du dialogue avec les étudiant·e·x·s du studio A’Mano.
Chez Noé Grange, les maquettes du studio Superfluo deviennent des formes à déformer encore, par la lumière, les ombres, les projections. Samantha Keller, de son côté, s’éloigne volontairement du tangible, croisant les vues d’atelier et les fragments plus abstraits pour laisser surgir des ambiances indécises.
Solène Hoffmann voit la place de la Riponne comme un théâtre à ciel ouvert, où la transformation urbaine met en scène ses acteur·ice·x·s, ses décors, ses coulisses.
Enfin, Trivino Rochat questionne ce qui restera : dans la tension entre documentation et oubli, il évoque un savoir fragmenté, dont ne subsisteraient que les images permises, conservées ou volontairement effacées.
À travers ces regards multiples, ce projet commun rend compte d’une expérience de collaboration entre deux disciplines, deux langages, deux temporalités. L’image devient ici un outil d’attention, de déplacement et de récit — une manière d’approcher autrement les formes, les usages et les imaginaires que suscite l’espace en transformation.
Pernette Emery
Giorgia Filipponi
Alix Golay
Noé Grange
Solène Hoffmann
Samantha Keller
Enzo Lalmi
Léo Margueron
Nikolaï Porchet
Trivino Rochat
Amira Temmar
Claire Faller, directrice du Centre d’enseignement professionnel de Vevey
Léonore Veya (doyenne du département photographie)
Nicolas Savary (maître principal de la formation supérieure en photographie)
Alexandra Ruiz et Yvan Alvarez, chargé·e·s de cours, formation supérieure en photographie
Dieter Dietz (professeur et directeur ALICE)
Román Alonso Gómez, directeur de studio ALICE
Les directeur·trice·s studio et étudiant·e·x·s ALICE ayant contribué à ce projet
Maya Band, Saskia Besson, et Mathieu Saameli, étudiant·e·x·s ALICE
Chloé Cardinaux, technicienne en photographie du CEPV
Alexandra Ruiz
Magali Baud, scénographe
Yves Bonard, Julie Dubey et Alexis Nantermod, du Service de l’urbanisme de la Ville de Lausanne